Nous ne croyons pas aux stratégies RSE !

Au risque d’être provocateur, les stratégies RSE sont superflues…

Elles sont trop souvent (la plupart du temps) vouées à l’échec…

Pourquoi ?

Parce qu’on a oublié de définir de « R » de RSE…

C’est le cœur du problème… Il est facile de définir les dimensions sociales, sociétales, environnementales. De nombreuses études existent, partout dans le monde. Elles dressent sur tous les continent un diagnostic sans concession des inégalités sociales insupportables, des injustices sociétales flagrantes, souvent au mépris de la loi. Sans parler des désastres environnementaux qui détruisent les écosystèmes, la vie, la capacité même du vivant à se renouveler.

Parfois, la conjonction des transgressions du social, du sociétal et de l’environnemental donne un résultat terrifiant : on peut se faire de l’argent – beaucoup d’argent – autour de ces thématiques, jusqu’à en devenir criminel. La série toute récente « D’argent et de sang », avec Vincent Lindon, basée sur des faits réels, le démontre parfaitement. La réalité dépasse souvent la fiction.

Sans aller jusqu’au crime, l’environnement est un business ! Un exemple parmi des milliers : une associée de notre cabinet, faisant ses courses dans une grande surface, a vu une employée remplir les distributeurs de produits en vrac avec une multitude de petits conditionnements, des sachets de 500 grammes ou 1 kg…

La RSE ne devrait pas être une affaire de communication ou d’opportunité. C’est l’affaire du « R » : la Responsabilité… Être responsable, c’est se poser la question fondamentale : « qui est garant de quoi, auprès de qui, mesuré comment, piloté par qui et comment… » C’est cette Responsabilité reste indéfinie.

Notre monde démontre l’urgence d’une action décisive. Un monde classiquement défini comme VICA (Volatile, Incertain, Complexe, Ambigu), auquel nous ajoutons le « L » pour limité : limité en ressources, en croissance (malgré le mythe de la croissance illimitée), en énergie, en biodiversité, en potentiel… Aux dernières nouvelles, ce monde est le seul que nous ayons à notre disposition, pour longtemps.

Rassurez-vous : nous sommes convaincus de l’importance d’agir dans le domaine social, sociétal, environnemental ! C’est même urgent !

Une entreprise, c’est quoi, en fait ?

D’après le site internet du Ministère de l’Economie et des Finances citant l’INSEE, l’entreprise est une « unité économique, juridiquement autonome dont la fonction principale est de produire des biens ou des services pour le marché ». D’un point de vue strictement juridique, ce qui rentre dans la définition commune d’une entreprise, c’est sa rentabilité dans sa proposition de biens et de services pour le marché.

Ce dynamisme du marché est mesuré par le PIB, qui calcule la richesse en circulation, mais sans l’analyse de la qualité de cette circulation de richesse. Par exemple, en période de hausse importante de l’énergie (pétrole,  gaz, électricité…), le PIB augmente, ce qui donne l’impression d’une économie en bonne santé. Quand l’énergie baisse, le PIB se contracte, ce qui affole le marché…

Mais peut-on dire qu’une augmentation du PIB d’un pays fondé sur une hausse de l’énergie carbonée est un signe de bonne santé économique, sociale, environnementale ?

En 2019, la Loi PACTE évoquait l’intérêt social de l’entreprise et introduisait les notions de Raison d’Être, de Mission Sociale et Sociétale, de Société à Mission… Cette loi donne un cadre juridique à une finalité autre que économique : l’entreprise est alors considérée comme un créatrice d’une société à impact positif dans les domaines sociaux, sociétaux et environnementaux.

Un détail, crucial : l’introduction de ces notions est… facultative. Autrement dit, définir une Responsabilité Sociale, Sociétale, Environnementale est une option. Si c’est une option, ce n’est pas essentiel. Si ce n’est pas essentiel, cela ne fixe pas le cadre d’une Responsabilité au sens strict. Pas conséquent, le droit français ne définit pas une Responsabilité aux entreprises dans ce domaine, il n’y a pas de droit opposable généralisé (sauf dans le cas d’une Entreprise à Mission).

Si c’est accessoire, secondaire, non obligatoire, les actions d’une entreprise concernant la RSE peuvent être révoquées à la première exigence de rentabilité. Ces principes RSE, facultatifs, ne sont pas le réel critère de décision pour beaucoup d’entreprises : ils sont même écartés s’ils viennent en contradiction avec l’enjeu économique.

Alors qu’en est-il 5 ans après la loi Pacte ?

Reconnaissons-le, nous assistons à une évolution, lente mais certaine, dans la prise de conscience. Pour donner un signe de bonne volonté, les entreprises doivent publier un certain nombre d’indicateurs (CSRD). Le problème est saisi par le petit bout de la lorgnette, par les contraintes réglementaires, financières et techniques imposées aux entreprises…

Mais cette évolution positive souffre d’un biais cognitif majeur : une entreprise se choisit les indicateurs les plus avantageux, situés en aval de son activité. Sans définition en amont de sa responsabilité, l’impact est bien moindre et durable. Résultat : on peut communiquer sur des sommes octroyées à des associations de lutte contre l’environnement et camoufler habilement le recours aux paradis fiscaux. On peut acheter des arbres et poursuivre tranquillement son activité. Cela ne change rien au modèle.

On n’a pas fini avec les contradictions bon teint.

Un fort impact environnemental récompensé par un label écolo !

Récemment, une entreprise qui fabrique des smartphones a perdu sa première place sur le marché… Donc, l’enjeu est de taille : comment reconquérir le marché ? Par un produit avec plus de mémoire, plus de batterie, plus de pixels, plus de terres rares, plus d’énergie pour le fabriquer, plus d’énergie pour le faire fonctionner… Tout est exponentiel, l’empreinte carbone s’envole, l’impact environnemental aussi, la fabrication est encore plus sous-traitée dans des pays où la main d’œuvre est sous-payée, où les enfants travaillent à extraire les minerais raréfiés… Et le vice-président France se réjouit que son entreprise ait reçu un label écologique ! Ce n’est pas une exagération, c’est la description exacte des faits… qui, soit-dit en passant, concernent la quasi totalité des autres fabricants.

Un autre exemple, celui d’une entreprise internationale qui communique fortement sur sa neutralité carbone… Et de fait, le périmètre restreint de cette entreprise produit des indicateurs indéniablement neutres… Sauf que pour y parvenir, l’entreprise a vendu l’intégralité de ses usines de production, situées en orient, produisant une empreinte carbone énorme (énergie provenant du charbon), dans des sociétés privées de liberté, et ayant recours au travail des adolescents… Mais on parle de neutralité carbone ! Il est impératif de prendre, vraiment, en compte la globalité du processus, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie des produits…

Alors, quelle Responsabilité pour quelle RSE ?

Il ne s’agit pas de revenir à l’âge de pierre ! Mais de fixer le cadre d’une Responsabilité durable sur les questions Sociales, Sociétales et Environnementales…

Qui est garant de quoi ?

Nous constatons bien souvent dans nos accompagnements d’entreprise que la réponse est floue… Encore plus au niveau d’une société, d’un pays, d’une planète ! La réponse au « Qui » est évidente : tout le monde ! A sa place, dans ce qu’il peut faire, dans son écosystème, en fonction de son pouvoir d’agir, de décider, d’influencer… Par exemple, la gestion des déchets ne peut pas reposer uniquement sur les particuliers, sanctionnés s’ils ne maîtrisent pas le tri et la couleur des poubelles… Cela concerne les fabricants, la chaine industrielle, les politiques.

Le risque évoqué : la baisse de la fabrication des emballages, par exemple, considérée à grande échelle, fait baisser le PIB… Et alors ? Un autre type de croissance est nécessaire. Rendons-la possible.

Dans son périmètre de décision et de pouvoir, tout le monde a sa responsabilité à assumer autour de la SE…

Auprès de qui ?

Tout le monde… La population, les générations qui viennent. « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants, » disait Saint Exupéry. Nous le constatons fréquemment. Un exemple : la population vivant à Amsterdam est en danger immédiat. Le port vit actuellement un risque majeur d’une pollution en provenance de navires de guerres chargés d’explosifs, coulés il y a 80 ans. Le continent de plastiques formé depuis 40 ans au milieu du Pacifique ne menace pas que les pingouins. Et tant d’autres exemples. L’heure n’est plus à l’égoïsme des générations qui vivent dans le confort de leur présent sans prendre en compte le futur dégradé de leurs descendants.

Piloté et mesuré par qui ?

Clairement, les organisations politiques étatiques et mondiales ont un rôle fondamental à jouer, pour garantir la mise en place des conditions du Bien Commun pour l’humanité. Leur rôle ne devrait pas être seulement la satisfaction de l’intérêt particulier d’un petit nombre. Soyons clairs, n’y voyez pas ici une culpabilisation de la richesse, une attaque en règle contre le libéralisme économique, ou bien la réclamation de la fin de la liberté d’entreprendre.

Mais il s’agit de poser un cadre protecteur durable, qui ne se focalise pas uniquement sur le bilan financier à 2 ou 3 ans de l’économie, mais qui donne des priorités politiques profondes.

Un exemple : 800 millions de personnes sont dans la pauvreté extrême dans le monde. Il faudrait environ 200 milliards de dollars pour éradiquer cette injustice. Comparons cela aux 1 000 milliards de dollars qu’à coûtés la guerre en Ukraine en 2023, 1 600 milliards en 2022… Ce sont des chiffres rarement communiqués, car terribles à comparer.

Lorsqu’on écrit une stratégie, on fait des choix. Visiblement les choix mondiaux sont clairs.

Retrouvons notre pouvoir d’agir

Tout cela peut nous décourager de toute possibilité de changement, et nous laisser à un sentiment d’impuissance immense. Mais se voiler la face, éviter le sujet, continuer le « business as usual » – parce que le problème nous dépasse – sans en parler, prendre conscience, faire bouger la conscience collective autour de soi, c’est se priver du premier mouvement.

Retrouvons le pouvoir d’agir.

Redonnons aussi le pouvoir de décider à ceux qui veulent la mise en place des conditions du Bien Commun. Commençons par le coeur des entreprises, dans une réflexion de fond sur ce qu’est le Bien Commun d’une société, d’une nation, d’une entreprise, d’une association, d’une école, d’une collectivité. Et de piloter cette responsabilité cruciale, chacun dans son périmètre de pouvoir et d’influence.

Nous croyons aux stratégies à impact positif !

Ces stratégies permettent de définir la sphère d’influence de l’entreprise, et ce qu’elle compte y changer durablement. Cette sphère d’influence peut être interne ou externe, concerner les salariés, les clients, les fournisseurs, etc.

Cela implique de ne pas mettre en critère prioritaire cette stratégie de maximisation du profit financier à court terme. Mais cela ne veut pas dire non plus travailler à perte, au contraire. Nous constatons que le choix fait par l’entreprise, avec ses collaborateurs, d’une contribution durable à plus grand que soi optimise la production tout en contribuant aux objectifs de RSE. C’est donc un double effet positif, une spirale vertueuse.

Un exemple parmi d’autres : une usine de 1 200 salariés s’est transformée : une amélioration des conditions de travail de 60%, une baisse de la pénibilité de 60%, une baisse des arrêts maladies de 70%, une hausse de qualité de 80%, et 20% de volume annuel en plus. Sans compter des économies d’énergie, de matériels, de pièces de rechange… et un écosystème autour de l’usine embarqué dans un cercle vertueux.

Comment ? Son PDG a vécu une prise de conscience personnelle importante et a choisi de mettre en place une culture d’écoute, de respect, de responsabilité dans ses équipes. Il décide aussi un arrêt de chaîne de production de 30′ sur les 3 équipes de 8 heures (soit 1,5 heure d’arrêt en tout) : cette demi heure a servi à faire parler les ouvriers, leur demander leur avis, leurs suggestions d’amélioration de poste. Le résultat, on le connaît.

Dès lors que la direction et l’ensemble des collaborateurs adhèrent à la responsabilisation de tous vers une mission sociale et environnementale, mise au service du service du Bien Commun, cela devient le critère de décision majeur. Tout s’aligne, parfois très vite, parfois à plus long terme… Renversez la table ça marche.

Tout l’enjeu de telles stratégies, chaque entreprise dans son périmètre, mettant au cœur de son projet les enjeux sociaux, sociétaux, environnementaux, et de se saisir à bras le corps des enjeux actuels du monde dans sa sphère de pouvoir et d’influence. Et donc d’inscrire ces enjeux au cœur des critères de décision, avec toujours comme autres critères mais à égalité d’importance le marché, la rentabilité, les finances, la satisfaction du client.

La destination est belle mais la route difficile. Les changements doivent parfois être radicaux : de vision, de culture, de valeurs… Car vous savez, ces Smartphones de moins en moins « RSE » pour reconquérir le marché ? Hé bien, le marché, c’est nous… qui les achetons…

Vos leviers d’action !

Un levier majeur, c’est le projet des entreprises, autour d’une Raison d’Être et d’une mission qui définissent une destination de qualité pour l’écosystème externe et interne de l’entreprise, dans son périmètre, avec ses salariés, ses fournisseurs, ses partenaires, par la force de l’entrainement…

Un levier majeur, c’est l’adhésion de chacun à un projet qui engage à plus grand que soit, à redonner aux personnes le pouvoir de changer ce qu’ils peuvent changer, au lieu de se décourager dans un système global que plus personne ne semble maitriser.

Un levier majeur, c’est une stratégie, une feuille de route qui fixent les étapes d’une route qui sera difficile, mais de moins en moins au fil du temps, et de plus en plus gratifiante à mesure que les victoires petites, moyennes, et enfin grandes seront constatées..

Un levier majeur, ce sont les dirigeants (politiques, associatifs, entreprises, établissements scolaires) qui assument de conduire la réflexion collective de leurs organisations dans ce sens…

LE levier majeur, c’est remettre (enfin !) l’homme et son développement intégral au cœur de la société…

 

Si vous vous sentez appelés à prendre vos responsabilités et à donner du pouvoir à vos collaborateurs, contactez-nous

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