Les droits de douane de Trump : un choc salutaire pour l’économie mondiale !

Introduction

Les droits de douane imposés par le président Trump, ses voltes face et changement de pied, ont provoqué un krach boursier et une panique parmi les investisseurs, révélant les fragilités structurelles de notre système économique global. En s’appuyant sur la notion d’antifragilité de Nassim Nicholas Taleb, cet article explore comment ce choc extérieur pourrait être bénéfique, en mettant en lumière des faiblesses profondes et en ouvrant la voie à des solutions concrètes pour un avenir économique plus résilient.

1. Les droits de douane : une arme fiscale contre les GAFAM

Les droits de douane imposés par Trump ne sont pas simplement une mesure protectionniste. Ils visent à rééquilibrer les flux économiques mondiaux en ciblant les géants technologiques comme Apple, Google, et Amazon, qui ont longtemps exploité des montages fiscaux pour échapper à l’imposition aux États-Unis. En taxant les produits fabriqués à l’étranger, Trump force ces entreprises à reconsidérer leurs stratégies de production offshore et à contribuer davantage à l’économie américaine.

Cette approche est une forme de politique anti-GAFAM déguisée, qui vise à redistribuer les bénéfices économiques en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) locales, souvent éclipsées par la domination des grandes multinationales.

Les géants de la Tech commence d’ailleurs à exprimer leurs oppositions (feutrées) à ces politiques. En effet, l’impact est terrible ,pour leur système industriel. Par exemple, 80% des Iphone sont assemblés en Chine. Les droit de douane vont générer au moins 30% de hausse à la vente aux USA, qui représentent 50% du CA mondial de ce produit.

2. L’Antifragilité : Un concept clé pour Comprendre la Crise

Nassim Nicholas Taleb, dans son ouvrage « Antifragile », introduit le concept d’antifragilité, qui décrit les systèmes capables de tirer profit du désordre et des chocs extérieurs. Contrairement aux systèmes fragiles, qui se brisent sous la pression, ou aux systèmes robustes, qui résistent sans changer, les systèmes antifragiles s’améliorent grâce aux perturbations.

Les droits de douane de Trump peuvent être vus comme un choc extérieur qui révèle les fragilités de l’économie mondiale, mais qui pourrait également servir de catalyseur pour renforcer le système. En forçant les entreprises à repenser leurs chaînes d’approvisionnement et leurs stratégies fiscales, ce choc pourrait conduire à une économie plus équilibrée et résiliente.

Pour éviter de se fracasser sur ces hausses, les économies fragiles de l’Europe et d’Asie essayent de résister en devenant robustes et en se protégeant par une force équivalente. Mais le risque est de figer ces économies dans un système non adaptatif. Au lieu de hercher à résister de manière brutale, nos organisations économiques devraient revoir leur système global pour répondre aux fragilités criantes qui émergent grâce à ce choc.

3. Les fragilités révélées par le choc des droits de douane

a. Répartition géographique de la chaîne de valeur

L’une des fragilités majeures mise en lumière par les droits de douane est la dépendance excessive de l’économie mondiale à des chaînes de valeur géographiquement concentrées. Les entreprises comme Apple, qui fabriquent leurs produits en Chine pour réduire les coûts, créent une dépendance dangereuse à un seul marché. Ce modèle centralisé rend l’économie mondiale vulnérable aux chocs géopolitiques et économiques. Ces chaines de valeurs peuvent être également très étendues, avec des vas et viens d’un territoire à l’autre : c’est le cas de la fabrication automobile en Amérique du Nord, les pièces traversant plusieurs fois les frontières, dans les deux sens, ce qui ajoutent à la complexité du calcul des droits de douane.

b. Dépendance à un marché unique

Les droits de douane montrent également que l’économie mondiale est trop dépendante des besoins d’un seul pays, les États-Unis. Avec une population de 330 millions d’habitants, les États-Unis exercent une influence disproportionnée sur les flux économiques mondiaux. Cette centralisation crée un déséquilibre où les décisions politiques d’un seul pays peuvent avoir des répercussions mondiales. Dans ce cas de figure, ce sont les décisions d’un seul homme, sans passage législatif devant le Congrès, qui influent considérablement l’ordre économique mondial.

c. Manque d’indépendance des grands territoires

L’Europe, par exemple, manque d’indépendance économique et reste fortement dépendante des décisions politiques et économiques des États-Unis. Les droits de douane de Trump nous renvoient à une fragilité tenace : notre vie quotidienne dépend de l’économie de nombreux pays très éloignés. L’Europe est devenue pauvre en matière première (énergie, métaux…) : elle est devenue également pauvre au niveau des produits manufacturés.

La situation actuelle souligne la nécessité pour les grands territoires de développer des stratégies économiques autonomes, afin de réduire leur vulnérabilité aux chocs extérieurs.

d. Fragilité des grands Groupes et des PME

Les grands groupes, souvent perçus comme invulnérables, sont en réalité extrêmement fragiles face aux chocs économiques. Leur dépendance à des chaînes d’approvisionnement mondiales et à des montages fiscaux complexes les rend vulnérables aux perturbations. Cette fragilité se répercute sur les PME, qui travaillent souvent en sous-traitance pour ces grands groupes. Beaucoup de ces PME ont l’impression de travailler pour un marché français. C’est vrai en partie, mais la globalité du tissus économique dépend des commandes des groupes internationaux.

e. Survalorisation de l’économie spéculative

Le choc des droits de douane révèle également la survalorisation de l’économie spéculative au détriment de l’économie réelle. Le capitalisme financier et spéculatif, qui domine l’économie mondiale, subit de plein fouet les répercussions de cette réforme. Historiquement, c’est l’économie réelle, comme lors de la crise des subprimes, qui a dû supporter les conséquences des excès de l’économie spéculative. La baisse subite des bourses donne l’impression d’un effondrement de l’économie, mais c’est inexact. C’est la valorisation financière des entreprises par les investisseurs qui a baissé. En l’état, aucune entreprise n’a fermé, l’économie réelle continue, elle est en attente de décisions durables. Le prisme de spéculation accentue fortement la perception de l’économie.

Cette situation met en lumière la nécessité de rééquilibrer les priorités économiques en faveur de la production de valeur réelle.

f. Fragilité des systèmes financiers

Les droits de douane mettent en évidence la fragilité des systèmes financiers mondiaux, qui sont souvent basés sur des pratiques spéculatives et des dettes non soutenables. Les marchés financiers, en réagissant de manière excessive aux politiques de Trump, montrent leur vulnérabilité aux chocs extérieurs, soulignant la nécessité de réformes pour stabiliser le système financier global. Par exemple, on estime que 80% de la richesse des banques au niveau mondial est constitué par la dette de ses clients, privés, institutionnels et étatiques. Cette proportion n’est pas soutenable en cas de crise. Lors de la crise des subprimes, la banque historique Lehman Brothers s’est effondrée en raison du poids de cette dette. Le système bancaire n’était pas loin d’une réaction en chaine de fermetures, ce qui aurait mis fin  modèle économique. La dynamique des pays repose trop sur le confort de la dette : elle permet de financer des projets de court terme qui ne sont pas pensés pour dégager une performance de long terme.

g. Dépendance technologique

La dépendance croissante à la technologie, en particulier aux infrastructures numériques contrôlées par quelques grandes entreprises, est une autre fragilité mise en lumière. Les droits de douane, en ciblant les géants technologiques, révèlent la nécessité de diversifier les sources technologiques et de promouvoir l’innovation locale pour réduire cette dépendance. Le monopole de certains géants de la Tech au niveau mondial nous rend dépendants de leur fragilité.

4. Pistes concrètes pour un avenir économique antifragile

a. Diversification des chaînes de valeur

Pour renforcer l’antifragilité de l’économie mondiale, il est essentiel de diversifier les chaînes de valeur. Les entreprises doivent explorer des alternatives à la production offshore et investir dans des régions économiquement émergentes. Cette diversification réduirait la dépendance à un seul marché et renforcerait la résilience du système. La mise en place de l’économie circulaire à ce titre cruciale dans ce contexte : elle permet de favoriser une économie économe en carbone et en ressources.

b. Renforcement de l’indépendance économique

Les grands territoires comme l’Europe doivent développer des stratégies économiques autonomes, en investissant dans l’innovation, la recherche et le développement. Cela permettrait de réduire la dépendance aux décisions politiques et économiques des États-Unis et de renforcer la résilience économique. Cela implique un changement de culture important en Europe : conçue comme une union monétaire et un marché unique favorisant la circulation des biens et des personnes, l’Europe doit se muer en une union économique, avec une politique de production et plus seulement de consommation. Cette politique favorise la délocalisation au lieu de raccourcir la chaine de valeur de l’économie.

c. Soutien aux PME et à l’économie locale

Les politiques économiques doivent favoriser les PME et l’économie locale, en créant des incitations fiscales et des soutiens financiers, mais surtout un écosystème qui porte leurs activités. Cela permettrait de réduire la dépendance aux grands groupes et de renforcer la résilience économique locale.

Pour ce faire, plusieurs mesures concrètes peuvent être mises en place. Tout d’abord, des incitations fiscales telles que des réductions d’impôts ou des crédits d’impôt pour les PME qui investissent dans l’innovation, la formation ou les technologies vertes peuvent stimuler leur croissance. Ces avantages fiscaux encourageraient les entreprises à réinvestir leurs bénéfices localement, créant ainsi un cercle vertueux de développement économique.

Ensuite, des soutiens financiers sous forme de subventions, de prêts à taux réduits ou de garanties de prêts peuvent aider les PME à surmonter les obstacles financiers auxquels elles sont souvent confrontées. Ces aides financières sont particulièrement cruciales dans les phases de démarrage ou d’expansion, où les besoins en capital sont élevés.

Cependant, au-delà des aspects purement financiers, il est essentiel de créer un écosystème favorable qui soutient les activités des PME. Cela inclut le développement d’infrastructures adaptées, comme des espaces de coworking, des incubateurs et des accélérateurs de startups. Ces structures facilitent les échanges, le partage de connaissances et la collaboration entre entreprises, renforçant ainsi leur compétitivité.

De plus, les politiques publiques doivent encourager la formation et le développement des compétences au sein des PME. Des programmes de formation continue, des partenariats avec des institutions académiques et des initiatives de mentorat peuvent aider les entreprises à acquérir les compétences nécessaires pour innover et s’adapter aux évolutions du marché.

En favorisant les PME et l’économie locale, les politiques économiques peuvent réduire la dépendance aux grands groupes, souvent moins ancrés dans le tissu local. Cette diversification économique renforce la résilience des territoires face aux chocs économiques, en répartissant les risques et en créant des emplois locaux durables.

Enfin, il est crucial de promouvoir une culture entrepreneuriale qui valorise l’initiative et l’innovation. Cela passe par une simplification des démarches administratives, une meilleure reconnaissance du rôle des entrepreneurs dans la société et la mise en place de réseaux de soutien pour accompagner les créateurs d’entreprises à chaque étape de leur développement.

En somme, en mettant en place un ensemble cohérent de mesures fiscales, financières et structurelles, les politiques économiques peuvent créer un environnement propice à l’épanouissement des PME et à la consolidation de l’économie locale, garantissant ainsi une prospérité durable et partagée.

d. Rééquilibrage de l’économie spéculative et réelle

Il est crucial de rééquilibrer les priorités économiques en faveur de la production de valeur réelle. Cela pourrait inclure des politiques visant à encourager l’investissement dans l’économie réelle et à limiter les excès de l’économie spéculative. Des réformes sont nécessaires pour stabiliser les systèmes financiers mondiaux, en réduisant la dépendance aux pratiques spéculatives et en promouvant des pratiques financières plus durables.

La production de valeur réelle se réfère à la création de biens et de services qui répondent à des besoins concrets et contribuent au bien commun de la société. Pour favoriser cette production, les gouvernements peuvent mettre en place des incitations fiscales pour les entreprises qui investissent dans la recherche et développement, l’innovation technologique et les infrastructures durables. Ces investissements peuvent stimuler la croissance économique à long terme et créer des emplois de qualité.

En parallèle, il est essentiel de limiter les excès de l’économie spéculative, qui peut déstabiliser les marchés financiers et détourner les ressources des activités productives. Cela peut être réalisé par la mise en place de régulations plus strictes sur les produits financiers complexes et les transactions à haute fréquence. De plus, des taxes sur les transactions financières peuvent décourager les comportements spéculatifs à court terme et générer des revenus pour financer des initiatives économiques durables.

La stabilisation des systèmes financiers mondiaux est une autre priorité clé. Les crises financières récentes ont montré les dangers d’une dépendance excessive aux pratiques spéculatives. Pour remédier à cela, des réformes structurelles sont nécessaires pour renforcer la supervision et la régulation des institutions financières. Cela inclut l’amélioration de la transparence des marchés financiers, la promotion de pratiques de gouvernance d’entreprise responsables et la mise en place de mécanismes de résolution des crises bancaires.

La promotion de pratiques financières durables est également essentielle. Cela implique d’encourager les investissements dans des projets respectueux de l’environnement et socialement responsables. Les banques et les institutions financières peuvent jouer un rôle clé en orientant les flux de capitaux vers des entreprises et des initiatives qui contribuent au développement durable. Par exemple, les obligations vertes et les fonds d’investissement socialement responsables peuvent être encouragés par des politiques publiques.

Enfin, il est important de sensibiliser les investisseurs et le grand public aux avantages d’une économie axée sur la production de valeur réelle. L’éducation financière et la promotion d’une culture d’investissement à long terme peuvent aider à changer les mentalités et à orienter les comportements économiques vers des pratiques plus durables et responsables.

En somme, rééquilibrer les priorités économiques en faveur de la production de valeur réelle nécessite une approche intégrée, combinant des incitations fiscales, des régulations strictes, des réformes structurelles et une promotion active des pratiques financières durables. Ces efforts contribueront à créer une économie plus stable, résiliente et équitable, capable de répondre aux défis mondiaux actuels et futurs.

Conclusion

Les droits de douane imposés par le président Trump, bien qu’initialement perçus comme un choc destructeur, pourraient en réalité être un Cygne Noir bénéfique pour l’économie mondiale. En révélant les fragilités structurelles de notre système économique, ce choc extérieur ouvre la voie à des solutions concrètes pour un avenir plus résilient et équilibré. En s’inspirant de la notion d’antifragilité de Nassim Nicholas Taleb, nous pouvons transformer cette crise en une opportunité pour renforcer notre économie et préparer un avenir plus solide et plus juste.

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