A quoi sert (vraiment) la raison d’être ?

La raison d'être est un levier majeur et un effet domino pour l'entreprise.

A l’heure des incertitudes du monde, est-ce urgent de travailler sur un sujet « à la mode » et un peu philosophique quand même. À quoi cela sert-il de consacrer du temps à une question déconnectée des préoccupations du quotidien ?

La Raison d’être est tendance actuellement dans le monde de l’entreprise. Nombre d’entre elles ont rédigé leur raison d’être, peu ou prou convaincues des bienfaits qu’elle apporte.

En revanche, certains se demandent bien pourquoi un tel engouement, dubitatifs. Et surtout, ils s’interrogent : est-ce bien utile ? C’est un prétexte de communication, diront certains. Ou un doux rêve teinté de greenwashing, critiqueront d’autres.

Autre option : c’est un alibi pour tenter de donner du sens aux équipes, une question chère aux collaborateurs (parfois moins aux dirigeants).

Bref, est-ce bien sérieux tout ça ?

Pourquoi une raison d’être ?

Posons-nous quelques instants pour nous faire une opinion.

Dans le camp du non : les arguments ci-dessus ont fait florès. Question inutile, éloignée du réel, mobilisant les équipes pour un ROI difficile à mesurer, pour se dire ce que l’on sait déjà. Après tout, qu’est-ce que cela change vraiment pour les salariés ? pour l’entreprise et pour ses clients ? Une phrase ou 2 déposées au fronton et tout le monde est satisfait, à la rigueur. Sujet suivant.

 

Dans le camp du oui : elle donne du sens, permet à tous de se redire pourquoi on est ensemble dans le même bateau. Réfléchir à sa raison d’être permet de prendre de la hauteur, de rappeler le projet collectif et de clarifier le but commun. Cela resserre les rangs, donc, et redéfinit l’objectif partagé.

Alors ? Oui / non / ne sait pas ?

Son utilité : Faire converger toutes les forces de l’entreprise

La vraie question, selon nous, est à quoi sert la raison d’être si l’on ne s’en sert pas ? Car croire qu’elle va produire des effets à elle toute seule, c’est en effet bien illusoire.

Une seule chose vaut vraiment : c’est la capacité transformatrice de la raison d’être. Si elle ne transforme pas la vie des collaborateurs ou des clients, c’est-à-dire « donne une nouvelle forme », alors oui, c’est de l’affichage, qui fait du bien à certains seulement.

Voici comment la raison d’être vient faire bouger les lignes (car autant choisir la « forme ») :

Affiner la stratégie

Avez-vous vérifié que chacun est bien au fait du cap que vous êtes certain avoir donné ? Etes-vous sûr à 100 %  qu’il soit clair pour tous, approprié et partagé ?

Par ailleurs, votre stratégie est-elle adaptée à l’évolution de votre environnement ? Ce qui nous mène au point suivant.

Clarifier la finalité

La contribution et l’impact réel de votre entreprise sont-ils bien en phase avec votre objectif ? Les enjeux de vos clients sont-ils vraiment les vôtres ?

Nous avons vu des entreprises faire pivoter leur stratégie, voire leur métier, en formulant leur raison d’être. Elles prenaient conscience que leur activité n’était plus en lien, voire était en contradiction ( !), avec la finalité souhaitée, les attentes des clients ou les grandes évolutions en cours.

Stabilise la prise de décision

Vos décisions sont-elles cohérentes les unes avec les autres ? La prise de décision est-elle stabilisée par des critères connus, robustes et communs ?

La raison d’être doit devenir l’unique boussole qui vient faire converger vos décisions et arbitrages. En évitant la dispersion, elle vient ainsi donner sa puissance réelle à votre entreprise.

Rassemble le Codir

Les membres de votre Codir sont-ils une vraie équipe de direction ou un collectif de personnes agissant pour leurs objectifs propres ? Les différents départements de votre entrepris font-ils convergence ou sont-ils désalignés ?

La question est identique pour des associés.

Difficile de piloter quand chacun va dans des directions différentes.

Donne une vision

Les collaborateurs sont-ils conscients de ce pour quoi ils agissent au quotidien ? La vision collective permet-elle de donner du sens aux moments chargés, difficiles et aux tâches ingrates ?

Car donner du sens c’est donner du respect. Un fondamental de la relation aux salariés et par conséquent de la marque employeur.

Adapte l’organisation

Votre organisation et vos process sont-ils orientés vers l’actualisation de vos objectifs ? Avez-vous pris le temps de définir les évolutions internes nécessaires avec les équipes ?

Dans le cas contraire, il existe 2 options. Soit faire du neuf avec du vieux. Soit modifier l’organigramme sans consulter ou poser le cadre de l’organisation et des process avec les managers concernés.

Assainit le management

Managez-vous par l’implicite ? Ou choisissez-vous le dialogue ? Prenez-vous le temps de l’explicite et de la clarification ?

Par ailleurs, avez-vous adapté vos pratiques managériales au fur et à mesure que votre environnement, votre stratégie et / ou vos collaborateurs évoluaient ?

Transforme l’écosystème en allié

Avez-vous conscience de l’impact sur l’écosystème et sur la pérennité de votre entreprise d’une bonne raison d’être ?

Voilà donc quelques leviers qui révèlent la puissance transformatrice d’une réflexion partagée par tous les étages de votre organisation. De plus, elle est organique : elle fait émerger les forces de l’entreprise de l’intérieur. Le développement des potentiels les plus puissant viennent des profondeurs, pas de l’extérieur.

Un levier et un effet domino

En résumé, si vous pensez avoir des enjeux à réviser dans votre entreprise, la Raison d’être est un excellent point d’appui pour les interroger. Même si ce n’est pas le seul bien sûr !

Elle constitue néanmoins un levier intéressant car elle peut créer un effet domino sur l’ensemble de la structure. Et agir sur tous les points évoqués plus haut : c’est comme revisiter l’ADN de la société pour envisager une évolution.

Donc plus que la question : « raison d’être : oui / non, pour / contre », c’est « Quels sont vos enjeux aujourd’hui ? »

Et la 2e question afférente, « par quoi allez-vous commencer ? »

Si vous souhaitez agir sur l’un des points mentionnés ci-dessus et si vous avez répondu « non » ou « ne sait pas » à l’une des questions, alors c’est le bon moment, contactez-nous

PS : Rappelons pour conclure que la loi Pacte de 2019 demande aux entreprises de réfléchir a minima à leur intérêt social : l’intérêt pour les personnels mais aussi l’intérêt sociétal. Ceux qui rechignent à écrire une raison d’être ont-ils pensé leur intérêt social ? Hors la création de richesse économique s’entend… Car après tout, c’est la loi.

 

Cet article a été écrit par deux êtres humains : Norbert Mallet et Eva Van den Kerchove

Cette photo a été prise par un être humain : Joshua Hibbert / Unsplash

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *